Parcours semaine 6

L’amplification est une figure qui repose sur une gradation entre les termes d’une énumération ou sur la construction d’un paragraphe dans le but de renforcer le propos. Amplifier, c’est « développer les idées par le style » pour « leur donner plus d’ornement, plus d’étendue ou plus de force ». (B. Dupriez, Gradus – Les procédés littéraires)

Condenser un texte, ce n’est pas en faire un résumé ou une synthèse. C’est garder l’essentiel sans perdre le sens du paragraphe ou de la phrase. C’est en quelque sorte, évacuer par ébullition le trop-plein de quelque chose pour ne garder que l’essence des mots qui font sens.

Ces deux étapes de la réécriture seront essentielles quand vous aurez à remodeler votre nouvelle.

L’amplification  (durée : une heure)

Nous verrons quatre méthodes courantes pour amplifier un texte :

  • l’énumération
  • l’accumulation
  • l’anaphore
  • la gradation
  • l’hyperbole
  • la périphrase
L’énumération :

« En 1918, Félix revint avec des armes allemandes, une pipe en écume, quelques rides et un vocabulaire plus étendu qu’à son départ. » La vie d’André Dufourneau. Vies minuscules. (1984) Pierre Michon.

“- Empêtrez-vous dans ces avenues obstruées d’automobiles, de bicyclettes, de voitures à cheval, de charrettes à bras, de carrioles traînées par des ânons.” La femme au taxi. Les Corps et le Temps (1979) Andrée Chedid.

L’accumulation :

«Devant eux, sur de petites tables carrées ou rondes, des verres contenaient des liquides rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances» Bel-Ami. Guy de Mautpassant.

L’anaphore :

« …où ils apparaissaient en même temps dans la porte,  même menton et teint batave, même folie flamande, même courte chevelure bâclée de brute, …» La vie des frères Backroot. Vies minuscules. Pierre Michon (1984).

La gradation :

« Et elle pleurait pendant des jours entiers, de chagrin, de regret, de désespoir et de détresse.»  La parure. Nouvelle parue dans Le Gaulois, le 17 février 1884. Guy de Maupassant.

l’hyperbole :

« Les plus outrancières injures, les rires les plus mauvais passaient la bouche de l’enfant, le défiguraient.»  Vies des frères Backroot. Vies minuscules. Pierre Michon.(1984)

La périphrase :

« Le temps pour lui d’aller prendre un de ces paniers qui servent à nourrir les cheminées à la campagne…»  La Vision capitale. Soleil des loups (1951). André Pieyre de Mandiargues.

Proposition d’écriture : chaque participant écrira un incipit d’une phrase sur le sujet qui lui plaira. Puis il passera sa feuille à son voisin de gauche. Chacun recevra donc la feuille de son voisin de droite. Il s’agit ensuite d’écrire la suite, en une phrase, en utilisant une des méthodes d’amplification. Puis passer à nouveau la feuille à votre voisin de gauche, jusqu’à ce que chacun retrouve sa feuille d’origine.

Les participants liront le texte aux autres.

 

Condenser un texte (durée : une heure)

Condenser une phrase, un paragraphe, un chapitre d’un récit littéraire va supposer d’utiliser des méthodes de contraction de texte, comme l’ellipse. Mais avant, il faudra choisir ce qu’il faudra éliminer sans que le texte perde son sens. Il ne s’agit pas de résumer, mais d’épurer pour maîtriser le rythme du récit.

L’exercice proposé consiste, à partir d’une nouvelle d’un auteur célèbre, à éliminer (le mot est fort) ce qui n’est pas nécessaire à la compréhension du texte (répétition, description, adjectifs).

Il s’agit condenser le texte de moitié.

La nuit blanche d’un hussard rougeContes humoristiques par Alphonse Allais

Je me suis toujours demandé pourquoi on nomme nuits blanches celles qu’on passe hors de son lit. Moi, je viens d’en passer une, et je l’ai trouvée plutôt… verte.

Ce qui n’a pas empêché mon concierge, quand je suis rentré le matin, de me saluer d’un petit air… en homme qui dit :
« Ah ! ah ! mon gaillard, nous nous la coulons douce ! »
Et pourtant… Mais n’anticipons pas.
Il faut vous dire que j’étais amoureux depuis quelque temps.
Oh ! amoureux, vous savez !… pas à périr. Mais enfin, légèrement pincé, quoi !
C’était une petite blonde très gentille, avec des petits frisons plein le front. Tout le temps elle était à la fenêtre, quand je passais.
À force de passer et de repasser, j’avais cru à la fin qu elle me reconnaissait, et je lui adressais un petit sourire. Je m’étais même imaginé – vous savez comme on se fait des idées – qu’elle me souriait aussi.
C’était une erreur, j’en ai en la preuve depuis, mais trop tard malheureusement.
Je me disais : « Faudra que j’aille voir ça, un jour. »
En attendant, je m’informe, habilement, sans avoir l’air de rien.
Elle est mariée avec un monsieur pas commode, paraît-il, directeur d’une importante fabrique de mitrailleuses civiles.
Le monsieur pas commode sort tous les jours vers huit heures, se rend à son cercle, et ne rentre que fort tard dans la nuit.
« Bon, me dis-je, c’est bien ce qu’il me faut. »
Nous étions dans les environs de la mi-carême.
À l’occasion de cette solennité, j’avais été invité à un bal de camarades, costumé, naturellement.
On sait que j’ai beaucoup d’imagination ; aussi tous les amis m’avaient dit : « Tâche de trouver un costume drôle. »
Et je me déguisai, dès le matin, en hussard rouge de Monaco.
Vous me direz qu’il n’y a pas de hussards rouges à Monaco ; qu’il n’y a même pas du tout de hussards, ou que, s’il y en a, ils sont généralement en civil.
Je le sais aussi bien que vous, mais la fantaisie n’excuse-t-elle pas toutes les inexactitudes ?
Tout en me contemplant dans la glace de mon armoire (une armoire à glace), je me disais « Tiens, mais ce serait véritablement l’occasion d’aller voir ma petite dame blonde. Elle n’aura rien à refuser à un hussard rouge d’aussi belle tournure. »
Le fait est, entre nous, que j’étais très bien dans ce costume. Pas mal du tout, même.
Je dîne de bonne heure… Un bon dîner, substantiel, pour me donner des forces, arrosé de vins généreux, pour me donner du… toupet.
Je boucle mon ceinturon, car j’avais un sabre, comme de juste, et me voilà prêt pour l’attaque.
En arrivant près de la maison de mon adorée, j’aperçois le mari qui sort.
Bon, ça va bien… Je le laisse s’éloigner, et je monte l’escalier doucement, à cause des éperons dont je n’ai pas une grande habitude et qui sont un peu longs chez les hussards rouges.
Je tire le pied d’une pauvre biche qui sert maintenant de cordon de sonnette.
Un petit pas se fait entendre derrière la porte. On ouvre. C’est elle… ma petite blonde. Je lui dis :
Au fait, qu’est-ce que j’ai bien pu lui dire ?
Parce que, vous savez, dans ces moments-là, on dit ce qui vous vient à l’esprit, et puis, cinq minutes après, on serait bien pendu pour le répéter.
Mais ce que je me rappelle parfaitement, est qu’elle m’a répondu, d’un air furieux : « Vous êtes fou, monsieur !… Et mon mari qui va rentrer !… Tenez, je l’entends. »
Et v’lan ! elle me claque la porte sur le nez.
En effet, quelqu’un montait l’escalier d’un pas lourd, le pas terrible de l’époux impitoyable.
Tout hussard rouge que j’étais, je l’avoue, j’eus le trac.
Il avait un moyen bien simple de sortir de la situation, me direz-vous. Descendre l’escalier et m’en aller tout bêtement. Mais, comme l’a très bien fait remarquer un philosophe anglais, ce sont les idées les plus simples qui viennent les dernières.
Je pensai à tout, sauf à partir.
Un instant, j’eus l’idée de dégainer et d’attendre le mari de pied ferme.
« Absurde, me dis-je, et compromettant. »
Et l’homme montait toujours.
Tout à coup, j’avise une petite porte que je n’avais pas remarquée tout d’abord, car elle était peinte, comme le reste du couloir, en imitation de marbre, mais quel drôle de marbre ! un marbre de mi-carême !
Dans ces moments-là, on n’a pas de temps à perdre en frivole esthétique.
J’ouvre la porte, et je m’engouffre avec frénésie, sans même me demander où j’entre.
Il était temps. Le mari était au haut de l’escalier.
J’entends le grincement d’une clef dans la serrure, une porte qui s’ouvre, une porte qui se ferme, – la même sans doute, – et je puis enfin respirer.
Je pense alors à examiner la pièce où j’ai trouvé le salut.
Je vous donne en mille à deviner le drôle d’endroit où je m’étais fourré.
Vous souriez… donc vous avez deviné !
Eh bien ! oui, c’était là, ou plutôt… ICI !
Doucement, sans bruit, je lève le loquet, et je pousse la porte… Elle résiste.
Je pousse un peu plus fort… Elle résiste encore.
Je pousse tout à fait fort, avec une vigueur inhumaine. La porte résiste toujours, en porte qui a des raisons sérieuses pour ne pas s’ouvrir.
Je me dis : « C’est l’humidité qui a gonflé le bois ! » Je m’arc-boute contre… le machin, et… han ! Peine perdue.
Décidément, c’est de la bonne menuiserie.
Une idée infernale me vient… Si le mari, m’ayant aperçu d’en bas et devinant mes coupables projets, m’avait enfermé là, grâce à un verrou extérieur !
Quelle situation pour un hussard rouge !
Un soir de mi-carême ! Et moi qu’on attend au bal.
Non, non, ce n’est pas possible. J’éloigne de moi cette sombre pensée.
Et pourtant la porte reste immuable comme un roc.
De guerre lasse, je m’assieds – heureusement qu’on peut s’asseoir dans ces endroits-là – et j’attends. Parbleu ! quelqu’un viendra bien me délivrer.
On ne vient pas vite. On ne vient même pas du tout.
Que mangent-ils donc dans cette maison ?
Des confitures de coing, sans doute.
De la rue monte à mes oreilles le joyeux vacarme des trompes, des cors de chasse, des clairons, et puis – terrible ! – le son des horloges, les quarts, les demies, les heures !…
Et le libérateur attendu n’arrive pas. Tous ces gens-là se sont donc gorgés de bismuth aujourd’hui ?
La prochaine fois que je reviendrai dans cette maison, j’enverrai un melon à chaque locataire.
De temps en temps, avec un désespoir touchant, je me lève, et, faisant appel à toute mon énergie, je pousse la porte, je pousse, je pousse !
Ah ! pour une bonne porte, c’est une bonne porte !
Enfin, épuisé, je renonce à la lutte. La poignée de mon sabre me rentre dans les côtes. Je l’accroche au loquet et je m’endors. Sommeil pénible, entrecoupé de cauchemars. Le bruit de la rue s’est éteint peu à peu. On n’entend plus qu’un cor de chasse qui s’obstine héroïquement dans le lointain.
Puis le cor de chasse va se coucher comme tout le monde…
Je me réveille !… C’est déjà le petit jour. Je me frotte les yeux et me rappelle tout. Mon sang de hussard rouge ne fait qu’un tour. Rageusement, je décroche mon sabre et le tire à moi…
Je n’ose vous dire le reste.
Imbécile que j’étais ! double imbécile ! triple imbécile ! centuple idiot ! multiple crétin ! J’avais passé toute ma nuit à pousser la porte…
Elle s’ouvrait en dedans !…

La reformulation “comme si ” (durée 1 heure)

Reformuler c’est condenser et amplifier. Cet exercice vous propose d’utiliser ce que vous avez pratiqué dans les deux exercices précédents.

À la manière de Flaubert qui “gueulait” ses textes à son auditoire afin de voir s’ils fonctionnaient, je vous propose de partir d’une nouvelle. Puis de la réécrire en reformulant chaque phrase par l’adjonction de l’expression “comme si”. À la fin de l’exercice, chacun testera un fragment de la nouvelle ainsi réécrite en la “gueulant” à la manière de Flaubert.

Exemple, extrait de “La ronde’ de JMG Le Clézio

[Titi roule devant, à présent, bien droite sur la selle de son vélomoteur] comme si son corps et le deux roues ne faisaient plus qu’un.

Le texte support :

A la dérive, d’ Horacio Quiroga.

L’homme marcha sur quelque chose de mou, et ensuite il sentit la morsure au pied. Il sauta en avant, et en se retournant avec un juron, il vit un Yararacuçú qui, enroulé sur lui-même attendait une autre attaque.

L’homme jeta un coup d’œil à son pied, où deux petites gouttes de sang grossissaient avec difficulté, et il sortit la machette de sa ceinture. La vipère vit la menace, et enfonça sa gueule au centre de sa spirale ; mais la machette tomba tout du long, disloquant les vertèbres.

L’homme s’abaissa jusqu’à la morsure, nettoya les gouttelettes de sang et contempla un instant son pied. Une douleur aiguë naissait des deux petits points violets et commençait à envahir tout le pied. Il noua son mouchoir sur sa cheville et suivit le sentier vers son ranch.

La douleur au pied augmentait, avec des élancements grandissants. Bientôt l’homme ressentit deux ou trois tiraillements fulgurants, comme des éclairs qui irradiaient de la blessure jusqu’à la moitié du mollet. Il bougeait la jambe avec difficulté, une sécheresse métallique de la gorge, suivie d’une soif brûlante lui arrachèrent un nouveau juron.

Il arriva enfin au ranch, et s’étendit le long de la roue d’un moulin à sucre. Les deux points violets s’étaient volatilisés sous une monstrueuse inflammation du pied entier. La peau semblait s’affiner et être au point de céder sous la pression. Il voulut appeler son épouse, mais sa voix se brisa en un son rauque de gorge sèche. La soif le dévorait.

— Dorothée —réussit-il à crier dans un râle— Donne-moi du rhum !

Sa femme accourut avec un verre plein, que l’homme absorba en trois gorgées. Mais il ne sentit rien.

— Je t’ai demandé du rhum, pas de l’eau ! —rugit-il à nouveau —. Donne-moi du rhum !

— Mais c’est du rhum, mon Paul ! —protesta la femme épouvantée.

— Non, tu m’as donné de l’eau ! Je veux du rhum, je te dis !

La femme courut une fois de plus, et revint avec la dame-jeanne. L’homme but l’un après l’autre deux verres, mais ne ressentit rien dans sa gorge.

— Bon. Ça devient moche murmura-t-il alors en regardant son pied livide et déjà avec un lustre de gangrène. Autour des sillons produits par le mouchoir, la chair débordait comme un monstrueux boudin.

Les douleurs fulgurantes se suivaient en des éclairs continus et arrivaient maintenant à l’aine. La sécheresse atroce de la gorge que son haleine semblait aiguiser davantage augmentait pareillement. Quand il voulut se redresser, des vomissements brutaux le maintinrent une demi-minute le front appuyé sur la roue.

Mais l’homme ne voulait pas mourir, et en descendant vers la côte, il monta sur son canot. Il s’assit sur la proue et commença à pagayer vers le centre du Paraná. Là, le courant de la rivière qui, à proximité du fleuve Iguiazú, fait six miles, l’amènerait en moins de cinq heures à Tacurú-Pucú.

L’homme avec une énergie sombre put effectivement arriver jusqu’au milieu du fleuve. Mais là, ses mains endormies laissèrent tomber la pagaie dans le canot et il vomit à nouveau — du sang cette fois-ci. Il regarda le soleil qui se couchait derrière le bois.

La jambe entière jusqu’à la moitié du muscle, était déjà un bloc informe et dur qui faisait éclater ses vêtements. L’homme coupa le garrot et ouvrit le pantalon avec son couteau : le bas ventre déborda enflé, avec de grandes taches livides et lui était terriblement douloureux. L’homme pensa qu’il ne pourrait jamais arriver seul à Tacurú-Pucú, et décida de demander de l’aide à son compagnon Alves, bien que cela faisait longtemps qu’ils étaient en froid.

Le courant du fleuve l’entraînait maintenant vers la côte brésilienne, et l’homme put facilement accoster. Il se traîna le long du sentier en pente, mais à vingt mètres, exténué, il s’arrêta, épaules en avant.

— Alves ! — cria-t-il avec toute la force qu’il put, et tendit l’oreille en vain — Alves ! Ne me refuse pas cette faveur ! — s’écria-t-il à nouveau, en levant la tête du sol. Dans le silence de la jungle ne s’entendit pas la moindre rumeur. L’homme eut encore le courage pour revenir à son canot, et le courant l’emmena rapidement à la dérive.

Le fleuve Paraná parcourt le fond d’une immense cuvette dont les murs, hauts d’une centaine de mètres, encaissent funestement le fleuve. Depuis les bords bordés de blocs noirs de basalte se trouve le bois également obscur. En avant sur le flanc, en arrière, l’éternelle muraille lugubre au fond duquel le fleuve tourbillonnant se précipitait en d’incessantes bulles d’eau boueuse. Le paysage était agressif, et il régnait un silence de mort. La nuit cependant, sa beauté sombre et calme prit une majesté unique.

Le soleil s’était déjà couché quand l’homme, à demi tendu au fond du canot, frissonna violemment. D’un coup, avec surprise, il releva sa tête alourdie : il se sentait mieux. La jambe lui faisait à peine mal, la soif diminuait, et sa poitrine, libre maintenant, s’ouvrait dans une respiration lente.

Le venin commençait à partir, il n’y avait pas de doute. Il allait presque bien et il eut même assez de force pour bouger la main, et il comptait sur la chute de la rosée pour se rétablir totalement. Il compta qu’avant trois heures il serait à Tacurú-Pucú.

Le bien-être avançait et avec lui, une somnolence pleine de souvenirs. Il ne sentait plus rien, ni sur la jambe ni dans le ventre. Est-ce que son ami Gaona vivait toujours à Tacurú-Pucú ? Peut-être verrait-il son ex-patron mister Dougald et le récepteur de l’ouvrage.

Arriverait-il bientôt ? Le ciel, au couchant, s’ouvrait maintenant comme un écran d’or, et le fleuve s’était également coloré. Depuis la côte paraguayenne déjà enténébrée, le bois laissait tomber sur le fleuve sa fraîcheur crépusculaire en des effluves pénétrants de fleurs d’oranger et de miel sylvestre. Un couple d’aras traversa le ciel dans les hauteurs en silence en direction du Paraguay.

Là-bas, sur le fleuve doré, le canot dérivait rapidement, tournant autour de lui-même sur les remous. L’homme qui allait sur l’esquif se sentait chaque fois un peu mieux, il se demandait combien de temps s’était passé depuis la dernière fois qu’il avait rencontré son ex-patron Dougald. Trois ans ? Peut-être pas, pas tellement. Deux ans et neuf mois ? Peut-être. Huit mois et demi ? Oui, sûrement.

Bientôt, il sentit qu’il était gelé jusqu’à la poitrine. De quoi s’agissait-il ? Et sa respiration aussi…

Le récepteur des matériaux de mister Dougald, Lorenzo Cubilla, il l’avait connu à Puerto Esperanza un Vendredi Saint. Vendredi ? Oui, ou jeudi ?…

L’homme étira lentement les doigts de la main.

— Un jeudi…

Et il cessa de respirer. »